Tout d’abord, tu abordes un récit ponctué de beaucoup d’humour. On sent que tu t’éclates à l’écrire, que tu t’épanouis dans ce que tu fais, une catharsis qui permet de t’évader, de décompresser et tu embarques tes lecteurs dans ton univers. C’est ce qui participe à une certaine originalité, parfois on frôlerait presque la parodie sur certains chapitres au vu du burlesque très appuyé. Tes personnages y sont pour beaucoup : Raphaël, Gabriel ou encore Daniel. Ça apporte une certaine fraicheur.

Concernant l’intrigue, je ne sais pas trop quoi en penser ; l’idée de base me faisait penser à un scénario que l’on peut retrouver dans une série manga : l’héroïne s’y prêtait aussi, je l’imaginais bien comme celle de Kimi ni Todoke. Renfermée sur elle-même, incomprise, avec un physique « repousse » / « angoisse » les autres et qui l’isole. Le fait qu’elle puisse prédire les morts quelques secondes avant qu’elles ne se produisent était un plus très sympathique, couplé avec l’arrivée de Raphaël qui a besoin d’elle pour sa « rédemption. » C’était très bien parti et puis… une autre intrigue pointe le bout de son nez et on perd de vue ce point de départ. C’est plutôt dommage, même si Cassandre a quelques évanouissements de temps en temps. A voir si tu penses le réaborder plus tard (ainsi que la rédemption de Raffie), mais il y a un petit manque à ce niveau-là qui, pourtant, pose de facto ton histoire dès les premiers chapitres.

Nous partons donc sur une intrigue qui tourne autour du père, Léandre, Gabriel, Mikael… la disparition des « archanges » si j’ai bien compris, les dévoreurs, puis d’étranges artefacts : un collier et une montre à gousset. C’est très décousu et on finit par s’y perdre un peu et à se demander quel est le rôle initial de Cassandre dans tout ça, outre le fait que les dévoreurs semblent craindre son pouvoir. D’ailleurs : > En quoi le Don de Cassandre serait intéressant pour les Dévoreurs ? Ne devraient-ils pas plutôt chercher à l'anéantir pour pouvoir tuer sans qu'elle ne risque de se mettre dans leurs pattes ?

Alors, attention, je ne dis pas que ça part en cacahuètes ; je me suis surtout demandée où tu allais finir par nous emmener. Je pense aussi que les très nombreux retours en arrière que ce soit de trois jours ou de vingt-quatre ans sont difficiles à suivre. Il y a parfois des flash-backs qui, à mon sens bien sûr, ne sont pas indispensables pour le déroulé de l’intrigue. Ne serait-il pas préférable de plutôt concentrer ces retours dans le passé sur Léandre qui semble être la clé ? Le chapitre 12 « Souvenirs d’un Ange » aurait pu être intéressant pour ouvrir le bal ou encore celui où il agresse sa fille dans sa chambre. On éviterait alors de se disperser. Tout comme l’épisode de Maxime : est-il indispensable aussi ? Comme il a été quelque peu survolé (sans doute aussi aidé par la limitation de caractères), on a beaucoup de mal à avoir de l’empathie pour lui, et mise à part la prise de conscience de Cassandre sur l’inaction de Raphaël, je n’ai pas compris sur l’instant ce qu’il pouvait bien apporter – mais peut-être éclairciras-tu ce point plus tard ! Encore une fois, je n’ai pas tout lu !

En gros, peut-être accepteras-tu de me dire ce que tu en penses, mais est-ce qu’il n’aurait pas pu être intéressant de plutôt débuter l’histoire, donc avec un flash-back du père, et rencontrer Cassandre non pas au moment où Raphaël débarque, mais dans la rame du métro ? Ainsi, d’entrée d’jeu, on apprendrait à la connaître elle ainsi que son don et l’ange ne débarquerait pas de but en blanc dès le départ. = > Etape une : introduction dans le passé = > Etape deux : l’héroïne est présentée au lecteur dans la rame de métro : capacité/prédiction, introspection, référence au passé (et non pas une narration dans le passé), allusion à Maxime (il est posé dans le background du personnage, on sait qui c’est) et tout ce qu’elle a perdu. = > Etape trois : la boutique d’antiquités, arrivée de Raphaël non entrecoupé d’un flash-back. Pour fluidifier ta trame et ne pas s’éparpiller dès le début avec de multiples retours dans le passé. Autre exemple, pour introduire la fameuse montre, au lieu d’un flash-back, ce peut être glissé par Rapahël lorsqu’il la trouve dans le tiroir après avoir fouillé : en la montrant à Cassandre et en lui demandant comment elle l’a eu, elle pourrait lui expliquer cette rencontre : on reste ancré dans le présent, le souvenir est évoqué par le dialogue.

Peut-être puis-je te conseiller aussi de préciser un peu plus clairement le point de vue que tu abordes ? Si ce n’est pas dans le titre, en glissant le nom en début de chapitre ou en début de partie du chapitre. [Cassandre] […] [Raphaël] […] [Daniel] [...] On serait moins perdus et on identifierait aussitôt avec qui on est ; on aurait sans doute aussi moins l’impression d’une transition un peu abrupte ? Tu l’auras compris, je me suis beaucoup perdue dans ton/tes intrigue(s), mais accepteras-tu de m’éclairer ? J’ai perdu pied, je suis revenue sur des chapitres pour relire certains passages, me suis demandée si j’avais loupé quelque chose… Ce qui est tout à fait possible aussi ! Mais comme tout va très vite tant dans le relationnel que dans le déroulé de la bobine… Comment as-tu pensé cette histoire ? As-tu écris le prologue pour rédiger ensuite au fil de la plume ou as-tu un plan, un squelette, bien précis en tête ?

Au sujet de tes personnages, je pense qu’ils sont le point fort de ton récit. Raphaël change ! C’est un coup de fraicheur ! Il est drôle, attachant, gentil et entier. Ce n’est pas un bad boy ou un personnage torturé antipathique qui s’adoucit au contact de la demoiselle. Il fait presque ingénu et je me demande comment tu as prévu de le faire évoluer dans l’histoire. Par contre : > Le fait que Raphaël clame qu'il ne veut pas tomber amoureux à peine rencontre-t-il Cassandre tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et est trop prévisible pour la suite, je pense. Peut-être faudrait-il l’amener plus en douceur ou après avoir posé quelques bases supplémentaires – notamment avec Gabriel ou Léandre. Laisser passer un peu plus de temps avant qu’il n’avoue cette peur-là. Ce peut être aussi un facteur/élément perturbateur si ce n’est pas dit d’office entre Cassandre et lui qui se dégoupille plus tard, quand les sentiments sont déjà là par exemple. Son principal rôle pour l’instant serait d’avoir initié Cassandre à ce monde angélique/divin. C’est son arrivée qui chamboule tout. Sa relation avec l’héroïne est très amusante, surtout dû aux situations cocasses qui nous font rire ou sourire.